Santé

En République démocratique du Congo, des millions de filles sont forcées d’accepter des relations sexuelles non consenties, ce qui les met en danger de grossesses non désirées, d’avortements et d’accouchements à risque, ainsi que d’attraper des infections sexuellement transmissibles (IST), notamment le VIH. 

Dans la ville de Bukavu, par exemple, on assiste ces derniers temps à la prolifération de cas de grossesses non désirées chez les jeunes filles adolescentes.

Bukavu est une ville de plus d’un million d’habitants située dans la province du Sud-Kivu dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Rosine Pascale est membre du Club Maisha (ou club la vie) à Bukavu en RDCongo.
ONU Info / Esther N’sapu
Rosine Pascale est membre du Club Maisha (ou club la vie) à Bukavu en RDCongo.

Graves conséquences sur la santé 

D’après le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la RDC est l’un des pays au monde qui compte le plus grand nombre d’enfants victimes d’une grossesse précoce. 24,5% des filles de 15 à 19 ans ont été victimes de grossesses précoces, selon une enquête menée par l’UNICEF en 2018. Les grossesses précoces chez les adolescentes ont de graves conséquences sur la santé des mères adolescentes et de leurs enfants.

Ces grossesses précoces touchent en majorité les jeunes filles adolescentes de l’école secondaire et cela les amènent à abandonner leurs études. De ce fait, leur avenir est compromis et pour certaines c’est un grand malheur.

Pour combattre ce fléau, Uwezo Afrika Initiative, une organisation engagée de manière effective dans la promotion et la défense des droits des femmes et des jeunes, a mis en place des groupes d’échanges et de partage bimensuels dénommés « Clubs Maisha », ce qui signifie « club la vie » en français, à l’intention des jeunes filles des écoles secondaires de la ville de Bukavu et du territoire de Kabare au Sud-Kivu.

Ces groupes d’échanges ont été mis en place dans six écoles de la ville de Bukavu dont le complexe scolaire Divine et la Lune pour la commune de Bagira, le complexe scolaire Rafiki et Neema pour la commune de Kadutu et le complexe scolaire la Vertu et la fondation Etoile pour la commune d’Ibanda et deux du territoire de Kabare dont l’Institut de Chirunga et de Ludaha.

Charline Mupenda est membre du Club Maisha (ou club la vie) à Bukavu en RDC.
ONU Info / Esther N’sapu
Charline Mupenda est membre du Club Maisha (ou club la vie) à Bukavu en RDC.

Droits et besoins des adolescentes 

Les thématiques abordées lors de ces discussions sont liées à la santé sexuelle de la reproduction dont les droits et besoins des adolescentes ; la confiance en soi ; les changements importants pendant l’adolescence/ la puberté ; les problèmes auxquels les jeunes adolescentes font face ; l’amitié entre fille et garçon ; la gestion de l’hygiène menstruelle et la dysménorrhée.

D’après Mme Cito Lushoka Marie Thèrese chargée de projet santé chez Uwezo Africa Initiative « les groupes d’échange « Clubs Maisha » ont comme but d’aider les jeunes filles à s’exprimer et à partager leurs expériences en rapport avec différentes thématiques liées à la santé sexuelle et reproductive ainsi que le genre ».

Cet espace de débat aborde également des thématiques en rapport avec l’épanouissement de leurs esprits grâce à l’information reçue afin qu’elles s’engagent dans la communication, dans le partage d’information et dans le changement de comportement. « Ces jeunes filles devront être porteuses de message de sensibilisation auprès d’autres jeunes filles de leurs écoles et dans leurs communautés respectives », a-t-elle dit.

Exaucé Badesire est membre du Club Maisha à Bukavu. Le club discute de la santé sexuelle et reproductive des adolescents.
ONU Info / Esther N’sapu
Exaucé Badesire est membre du Club Maisha à Bukavu. Le club discute de la santé sexuelle et reproductive des adolescents.

Eviter humiliations et préjugés 

Au cours des quatre dernières années, des serviettes hygiéniques lavables, ont été mises à la disposition des écoles membres de « Clubs Maisha » par Uwezo Africa Initiative, pour permettre aux élèves filles surprises par les menstruations de trouver une protection afin de ne pas rater les cours mais aussi de se sentir à l’aise tout en évitant les humiliations et les préjugés.

Une semaine, « l’amitié entre fille et garçon » était la thématique abordée par les élèves de la fondation Etoile. Les filles comme les garçons présents à ces échanges ont débattu autour de cette question souvent moins abordée entre les adolescents et leurs parents. Mme Cito Lushoka Marie Thèrese voulait au cours de ces échanges que les élèves puissent être capables de distinguer l’amitié de l’amour dans le but de prévenir les grossesses non désirées et les maladies sexuellement transmissibles comme le VIH/sida.

Exaucé Badesire, un élève de 12 ans, pense que l’amitié entre fille et garçon adolescent est dangereuse car les deux sont encore jeunes et n’ont pas suffisamment d’informations correctes en matière de santé sexuelle et reproductive. Lors des rapports sexuels non protégés, la fille peut tomber enceinte, ce qui va l’obliger à abandonner l’école. Le garçon pourrait contracter des maladies sexuellement transmissibles et les transmettre aux autres filles.

Trouver des réponses  

Mme Cito pense que le « Club Maisha » est nécessaire pour les élèves et demande aux écoles de s’approprier ces thématiques et de renforcer les discussions sur la santé sexuelle et reproductive dans le cours d’éducation à la vie pour permettre aux élèves non seulement de s’exprimer librement mais aussi de trouver des réponses sur des sujets qui leurs tiennent à cœur.

D’après le Fonds de Nations Unies pour la population (UNFPA), la santé sexuelle et reproductive des adolescents doit être défendue. Cela passe notamment par l’accès à une éducation sexuelle complète, par des services pour prévenir, diagnostiquer et traiter les infections sexuellement transmissibles, et par des conseils en matière de planification familiale. Cela signifie également permettre aux jeunes de s’émanciper pour qu’ils connaissent et fassent valoir leurs droits, comme par exemple le droit de retarder leur mariage ou de refuser des avances sexuelles non désirées.

Ce reportage a été réalisé par Esther N’sapu, correspondante d’ONU Info en République démocratique du Congo